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C’est quoi l’esprit d’entreprise ?

Quand on pose cette question sur l’esprit d’entreprise, c’est, en général, parce qu’on veut déplorer son manque, Dans ce cas, on veut signifier que si on le retrouvait, car il est censé être à l’origine de toute entreprise, ou qu’on le stimulait, tout irait beaucoup mieux. En entreprise ou dans les territoires souffrant de désindustrialisation. Quels que soient les problèmes rencontrés, pour les unes et pour les autres.. Sauf qu’une fois qu’on a dit ça, on n’est guère plus avancé. Pourquoi ? Cela tient au fait que l’esprit d’entreprise ne se laisse pas saisir comme « ça » avec un claquement de doigts. En réalité, il y a deux façons traditionnelles de l’appréhender. Mais, une seule, différente de ces deux-là, du point de vue d’un K-Management

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L’esprit d’entreprise d’un point de vue traditionnel

Pour celui-ci, il correspond soit à un état d’esprit favorisant la prise de risque, soit, à un ensemble d’attitudes illustrant tout l’amour qu’on porte à l’entreprise à laquelle on appartient.

Esprit d’entreprise et prise de risque

La première idée qui vient quand on évoque l’esprit d’entreprise, c’est celle d’une équivalence avec prise de risque. Autrement dit, avoir l’esprit d’entreprise, c’est être prêt à prendre des risques, et même tous les risques.

Mais quels risques ? La réponse est simple. Ce sont ceux qui peuvent se traduire par la perte totale, voire même plus, de tous les investissements consacrés à un projet.

Compte tenu de ces conséquences si les risques se concrétisent, outre la conviction, chaque jour réassurée, que le projet faisant l’objet de la prise de risque est bon, avoir l’esprit d’entreprise, dans ce cas, va s’accompagner de toute une série de manœuvres destinées à les limiter.

Et qu’est-ce que ça donne tout ça ? Une citation de Neil Simon résume assez ben la situation :

Si nul ne prenait jamais de risques, Michel-Ange aurait peint les planchers de la chapelle Sixtine.

Neil Simon

Il faut avouer cela aurait été, en effet, bien dommage. La fresque peinte par Michel-Ange, de 1502 à 1508, sur tout le plafond de la chapelle Sixtine, au Vatican, est un chef d’œuvre de la peinture de la Renaissance italienne et un des plus importants de l’art occidental.

A noter, au passage, que la prise de risque, et donc l’esprit d’entreprise, n’est pas qu’une affaire d’entreprise commerciale, mais qu’elle s’applique à tous les aspects de l’activité humaine.

Ajoutons, de surcroît, que la non prise de risque est aussi une prise de risque. On en a cette fois un bon exemple avec le destin de Mr Bartleby dans le roman éponyme écrit par Herman Melville en 1856. A toute incitation à la moindre prise de risque, il répond par sa phrase fétiche : « I would prefer not to« . A la fin, il n’existe plus.

Mais, revenons, « pour le fun », à Neil Simon (1927-2018). C’est un producteur, dramaturge et scénariste à succès que l’on compare souvent à Woody Allen. On a dit de lui que c’était le saint patron du rire et qu’il était à l’origine d’un nouveau genre littéraire : les comédies des névroses urbaines.

 

Esprit d’entreprise et amour d’entreprise

Une autre façon traditionnelle d’être en phase avec l’esprit d’entreprise, c’est de « chasser en bande ». On s’explique. Chacun a au moins entendu une fois le fameux cri de guerre solidaire « Tous ensemble ! Tous ensemble ! Ouais, Ouais. « 

 

C’est le cri de guerre des gilets jaunes. C’est celui des manifs. Mais, c’est aussi, sous cette forme, ou sous une forme approchante, celui des conventions d’entreprise.

 

De ces conventions dont le but est de faire fusionner les participants dans le même esprit, celui de l’entreprise. Laquelle devient, pour l’occasion, le groupe avec lequel on se bat pour vaincre l’adversaire désigné.

 

A une échelle plus petite, beaucoup de stages de type, par exemple, accrobranches n’ont pas d’autre but que de réveiller l’instinct grégaire des participants pour favoriser la formation d’un esprit d’équipe ou sa consolidation

 

L’esprit d’entreprise du point de vue d’un K-Management

 

Nature du K-Management

L’esprit d’entreprise du point de vue du K-Management, c’est d’abord s’affranchir du mode de management anglo-saxon exclusivement quantitatif.

 

C’est admettre que le réel ne se laisse pas saisir entre les lignes et les colonnes d’une feuille Excel. Que, de ce fait, il ne se divise pas, il ne se multiple pas, il ne s’additionne pas, il ne soustrait pas, suivant la formule qu’on s’est choisi.

 

Sauf, bien sûr, si on se satisfait du réel forcément tronqué qu’il traduit. De ses facteurs et de son objectif ultime : un rendement financier maximum. Comme chacun sait maintenant, ce mode de management ne fonctionne plus très bien aujourd’hui.

 

Incivilité, irrespect, désobéissance, médisances, management toxique, démissions, turn over chronique et la recherche du mouton à cinq pattes qui l’accompagne, etc., en constituent les différentes facettes. Mais, comme on ne sait pas faire autrement, on continue quand même à l’utiliser avec les mêmes résultats.

 

Cependant, parfois, on essaie de changer les choses pour y remédier. Ce qui consiste, le plus souvent, à « verdir » ou à « socialiser » l’objectif ultime. La bienveillance tous azimuts, entre autres, est alors à l’ordre du jour.

 

Le K-Management ne vise ni à « verdir » quoi que ce soit, ni à s’embarquer dans un quelconque rôle social de l’entreprise. Son objectif est toujours de gagner suffisamment d’argent pour pérenniser son activité.

 

Les termes « suffisamment » et « pérenniser » ont leur importance. « Suffisamment » ne veut pas dire « toujours plus » et « pérenniser » ne veut pas dire « croitre autant que possible« .

 

Alors comment faire pour sortir, néanmoins, de l’imperium managérial anglo-saxon, foncièrement belliqueux et belliciste. Déjà, par l’adoption de nos deux mots, on met fin à celui de la formule Excel. Mais, il convient naturellement d’aller encore plus loin.

 

C’est là qu’entrent en piste les injonctions éthiques qui vont contribuer à redonner du sens à ce qu’on fait.

 

Injonctions éthiques du K-Management et esprit d’entreprise

C’est quoi une injonction éthique ? C’est une obligation de nature morale qu’on se donne sans avoir besoin d’y être obligé par une réglementation. Quelque fois, la réglementation la recouvre, mais le plus souvent, ce n’est que de manière partielle et incomplète.

 

Et en plus, le « grand jeu » consiste souvent à la détourner en faisant semblant de la respecter. Du point de vue du K-Management, il n’y a pas de « grand jeu » qui tienne.

 

Les injonctions éthiques concernent tous les domaines de l’entreprise et sont l’une des principales expressions de ses valeurs. Les seules à même de redonner du sens à ce qu’elle fait.

 

L’injonction du juste prix

Commençons, par exemple, par les produits de l’entreprise ou ses services. Les injonctions éthiques qui les concernent visent, notamment, leur qualité et leur prix. Qu’est-ce que cela veut dire ?

 

Cela veut dire que toute l’entreprise s’attache à ce que ces produits ou ces services correspondent réellement à la promesse qui en a été faite. Inutile de vanter les mérites d’une lessive qui lave plus blanc que blanc si elle lave bien et correspond bien à ce qu’on attend d’elle.

 

Cette attitude va bien au-delà des normes qui les encadrent et qu’il peut être tentant de contourner habilement pour maximiser les profits qui peuvent en être tirés.

 

Quant au prix, si on répond à cette injonction, c’est celui du juste prix qui s’applique. Celui fondé non pas sur ce que le client est prêt à payer, mais sur la valeur réelle de ce qui est vendu augmentée de ce qui est nécessaire pour que l’entreprise puisse pérenniser son exploitation.

 

Waouh ! Mais, par les temps qui courent, cette injonction est carrément impossible à respecter ! Ah, oui vraiment ? Réfléchissons un instant. Laissons de côté le client qui finit toujours par se réveiller un jour quand on ne cesse de le tromper.

 

Intéressons-nous au personnel. Comment peut-on imaginer que le personnel, qui fait également partie des clients, d’une manière ou d’une autre, impliqué à longueur de temps dans ce qui n’est rien d’autre qu’un travestissement puisse se sentir à l’aise dans l’entreprise qui le pratique ?

 

Lui parler de « bienveillance » ne mettra pas fin à son sentiment de malaise, bien au contraire, si les pratiques « anglo-saxonnes » de l’entreprise ne changent pas au bénéfice d’un modèle plus vertueux.

 

L’injonction du respect

Et puisqu’on vient d’évoquer le ressenti du personnel, on peut également ajouter l’injonction du respect à celle du juste prix. Car si c’est respecter le personnel que de le faire collaborer à une juste cause, justement rétribuée, par les prix pratiqués, mais aussi par les salaires versés, le respecter c’est aussi avoir des attitudes « respectueuses » à son égard.

 

S’en affranchir du fait d’une fausse conception du pouvoir et de ce qu’est l’art de diriger, ou tout simplement du fait d’un égo à satisfaire, c’est générer à qui mieux mieux des situations où se multiplient les marques d’incivilités, d’insubordination, de « sabotage », etc.

 

Dernier exemple d’injonction éthique, la juste rétribution

On a évoqué plus haut le juste prix et la juste rétribution du personnel. Un des méfaits, selon nous, de ce que nous appelons le management à « l’anglo-saxonne », parce que ses promoteurs ou propagandistes sont principalement anglo-saxons, c’est la recherche du profit maximum à tout prix.

 

On le voit très bien lorsque par malchance un fond d’investissement, nourri à cette école, devient dominant dans l’actionnariat d’une entreprise.

Les objectifs à deux chiffres ont tendance à s’envoler et le top management chargé de les traduire opérationnellement y est quasi « contraint » par le très haut niveau des rémunérations qui lui sont réservées en échange de ses services.

 

Comment là aussi imaginer que l’entreprise ne devienne pas alors un champ de bataille où manœuvrent ses différentes composantes à tel point que l’entreprise finit, plus souvent qu’on ne pense, par y rendre l’âme ? Au propre et au figuré.

 

De ce point de vue, parler alors de management « bienveillant » pour résoudre ce type de problème revient, ni plus, ni moins, qu’à poser un cautère sur une jambe de bois. Dans le meilleur des cas.

 

De l’entreprise centrée sur la maximisation du profit à l’entreprise soucieuse de sa pérennité

Les injonctions éthiques ne sont pas des phrases à mettre en scène par les spécialistes du marketing et laissées à leur libre appréciation. Ce sont des réalités trop essentielles pour servir de terrain de jeu à des techniques manipulatoires.

Ces injonctions qui sont au cœur de ce que nous appelons le K-Management sont, selon nous, les seules à même de redonner du sens à l’entreprise et de redonner l’envie d’y collaborer.

En bref, le K-Management est, en définitive, un management naturellement éthique et profitable.

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